A la poursuite d'un scoop

C’était le début de l’été dans la campagne Genevoise. Le temps était au ciel bleu, malgré les quelques nuages accrochés aux sommets des montagnes.

Le soleil n’était pas levé depuis longtemps lorsque Yaël s’arrêta sur une petite route de campagne. Elle descendit de sa voiture emportant avec elle son sac contenant son matériel photographique. Elle s’élança dans un petit sentier, espérant profiter au maximum de sa journée de congé pour s’adonner à ses passe-temps favoris, le trekking et la photo.

Elle marchait depuis déjà pas mal de temps d’un bon pas lorsqu’elle s’arrêta pour prendre quelques photos de la rivière qui serpentait en contrebas de son chemin. Le soleil encore bas et la brume matinal allait à coup sûr lui donner une photo des plus belles. Elle déclencha une dizaine de photos avant de reprendre sa marche. C’est à ce moment qu’elle entendit un coup de feu déchirer le silence de la forêt.

Instinctivement, elle s’empressa d’aller dans la direction du coup de feu en passant à travers la foret qui bordait le chemin. Son exploration se termina rapidement devant un mur de propriété d’une taille appréciable. Il était impossible pour elle de voir quoique se soit depuis sa position. Elle décida donc de suivre le mur en espérant déboucher vers l’entrée du domaine.

Après une quinzaine de minutes de marche, elle arriva devant la grille d’entrée. Celle-ci était gardée par un planton. Lorsqu’il la vit s’approcher, s’avança à sa rencontre.

- Bonjour madame, puis-je quelque chose pour vous ? dit-il.
- Bonjour Monsieur, je sui s désolée de vous déranger, mais je marchais près de ce domaine et j’ai entendu un coup de feu claquer. Je venais voir si on avait besoin de mon aide.
- Un coup de feu ? répondit le garde en fronçant les sourcilles. Je n’ai rien entendu moi et cela m’étonnerai que quelque chose de tel se produise ici.
- Mais je suis sûr de…
- Excusez-moi madame, mais j’ai d’autre chose à faire qu’écouter vos histoires de coup de feu, la coupa-t-il brutalement. Je vous souhaite une bonne journée.

Flairant l’embrouille, Yaël se dirigea rapidement vers son véhicule et rentra en trombe chez elle. Elle déposa ses affaires et s’empressa d’aller faire quelques recherches sur la propriété en question.

Elle découvrit que la maison appartenait à une fondation liée au monde de l’art. La fondation détenait plusieurs tableaux de grands maîtres ainsi que plusieurs œuvres d’art de différentes provenance mais principalement païens.

Elle apprit également qu’une société experte dans la protection était chargée de surveiller le domaine. Elle approfondit sa recherche et tomba sur le site Internet de la société.
Le siège étant à Paris et sentant le scoop, elle prit le lendemain un billet de train pour la ville lumière.

Sur place, elle alla directement à l’adresse mentionnée sur le site et se présenta à la réceptionniste.

- Bonjour Madame, serait-il possible de parler à un responsable ?

Marion leva les yeux vers son interlocutrice.

— Bonjour, madame. Vous comprendrez que nos responsables sont très occupés et ne reçoivent pas sans rendez-vous. Peut-être pourrai-je déjà vous renseigner si vous vouliez bien vous présenter et me faire part de l’objet de votre visite ?

Les congés qu’on lui avait accordés avaient permis à Marion de revenir en pleine forme. Elle était de taille à assurer son rôle à la perfection.

Yaël ne s’attendait pas à une autre réponse. Mais elle s’en saurait voulu si elle n’avait pas essayé. Prenant un air patient, elle sourit à la réceptionniste et sorti sa carte de journaliste qu’elle déposa sur le comptoir.

- Je me nomme Yaël Feru, je suis journaliste Freelance. Je viens ici car j’ai bien failli mourir suite à un coup de feu parti dans un domaine se trouvant sous votre protection…

Après que la réceptionniste ait pu regarder la carte, elle la rangea et continua :

- Je me suis dis qu’il serait plus juste de demander des explications avant de pondre un article sur votre société et le risque qu’elle représente.

Marion regarda son interlocutrice toujours en souriant, un sourcil légèrement levé.

— Je suis sûre que Mademoiselle Palaitis et Monsieur Escher seront ravis de vous présenter notre société et de s’entretenir avec vous de notre activité dans une certaine mesure.

Elle marqua une courte pause.

— Cependant, si j’ai bien perçu une note de menace dans vos propos, je vous invite à demander à votre avocat de nous contacter. Je me ferai un plaisir de le mettre en relation avec nos propres avocats.

Son sourire ne masquait pas sa fermeté.